Mon logement, mon lieu de travail

Il existe différentes sortes de contrats  infirmiers, IBOD, médecins, préparateur en pharmacie pour les papalagis (métropolitains), à l'agence de Santé de Wallis et Futuna. Très peu de CDI.  Le mien stipule la prise en charge de mon voyage, mon hébergement et de ma nourriture, ainsi que d'une voiture selon les disponibilités.
A mon arrivée, j'ai été logée à l'hôtel Fia-Fia, situé à Leava.

Etant  loin de l'hôpital et sans véhicule, j'ai intégré rapidement la maison de passage.
Elle est située à 2 mn à pied de l'hôpital. Je partage le logement avec deux élèves IDE suisses en stage depuis 1 mois et une sage-femme en poste également depuis 1 mois accompagnée de son mari.
 Ici tout est ouvert, pas de clef, pas de barrière. Le terrain peut être traversé par les voisins qui empruntent un raccourci. Ici, il n'y a pas de vol, sauf par les chiens et les chats qui errent un peu partout.
C'est une maison type T4. Ma chambre est la seule équipée d'un téléphone ainsi que du routeur. Le réseau internet est encore par satellite donc très aléatoire. Cette chambre est en priorité  réservée  au  médecin s'il s'avère qu'il y en ait un. J'ai squatté la télévision pour regarder mes séries les jours de pluie ou entre deux nuits puisqu'elle n'était pas utilisée ni raccordée à une antenne.

 La vie se passe majoritairement à l'extérieur et chaque maison possède une grande terrasse fermée par des moustiquaires. La notre est équipée d' un salon et d'une table de salle à  manger.

La cuisine est simple. Pourvue de seulement deux prises de terre ce qui fait qu'une énorme cuisinière dotée d'un four électrique a été installée dans le salon. Les placards sont infestés de termites. Il ne faut laisser aucune nourriture à l'extérieur au risque d'être infestée de minuscules fourmis, ce qui fait que le frigo est saturé par les provisions des trois locataires.

De énormes canapés, rarement utilisés sont installés dans le salon en plus de la gazinière. Cette pièce ne sert principalement que de passage entre la cuisine et la terrasse.

La salle de bain possède le minimum, une douche italienne, un lavabo et le luxe, une machine à laver. L'eau chaude est quasiment inexistante sur l'île, seule l'eau froide est disponible pour la toilette, la vaisselle et autre, et j'avoue que si je devais rester plus longtemps, ce manque serait pesant pour moi.

La maison est en principe équipée en vaisselle, couverts et tout le nécessaire, mais comme dans beaucoup de maisons de passage tout ceci a tendance à disparaitre et rarement remplacé. J'ai  acheté une petite bouilloire pour me faire chauffer de l'eau, un ouvre boite... que je laisserai en partant. Je suppose que le rééquipement se fait partiellement de cette façon.

L'entretien est inexistant. Les tringles sont en train de tomber, la porte des toilette ne ferme pas et autres. On ne sait pas à qui s'adresser pour réparer toutes ces petites choses qui pourrissent la vie, donc tout le monde s'en accommode puisque le temps de séjour est court. 

Mais la vie y est agréable, des liens se créent et j'y passe de bonnes soirées.

L'hôpital de Kalevelave est le seul centre de soins de l'île. Il n'y a aucun privé. Sa pharmacie délivre  les médicaments pour tous les habitants. L'avantage de ce système est  que toute la population y est répertoriée et chaque ordonnance, chaque consultation, chaque hospitalisation est accessible par ordinateur. Tout est centralisé en ce lieu.

L'inconvénient est qu'il est très fréquenté, les urgences et la médecine saturées par les pansements, les médecins débordés par les consultations (entre 30 et 50 par jours), et tout ceci concentré le matin. Il faut intercaler les véritables urgences et la prises en charge des hospitalisés. Mais tout est bien imbriqué et bien organisé. 

L'hôpital est construit plusieurs blocs réunis sous un seul toit.

Plusieurs passerelles bétonnées et couvertes permettent d'accéder au bâtiment des chambres. Il existe deux services d'hospitalisation , la médecine et la gynéco-maternité.

La gynéco-maternité bien séparée est constituée d'une chambre de deux lits. Souvent le deuxième lit est occupé par la famille de la patiente.

Chambre de maternité, départ en évasan

La médecine comprend 7 chambres rudimentaires numérotées de 2 à 8, elles aussi à deux lits, et comme en gynéco maternité, le deuxième lit sert à la famille, sauf en cas d'hospitalisation double. Elles sont toutes équipées d'une salle d'eau et d'un accès à la terrasse extérieure avec vue sur mer.

La nuit le couloir extérieur est jonché de nattes sur lesquelles dorment les visiteurs. 

La relation avec les patients et leur famille est très conviviale. Durant les temps morts, la nuit on discute avec eux assises ou allongées sur les nattes

Durant mon séjour je resterai affecté en service de médecine. La nuit l'infirmière a également en charge les lits de la gynéco-maternité.

La salle de soins est très fonctionnelle. Le matériel est différent et j'ai l'impression de revenir 20 années en arrière au CHT de Nouméa.

La salle de réa sert à différentes interventions, à savoir vraiment de la réanimation, l'enregistrement des électrocardiogrammes, pour l'hospitalisation des patients fébriles car c'est la seule chambre climatisée et puis également de salle pour les urgences (aérosol, de deuxième pansement, d'attente de transfert dans une chambre...On y trouve également le photocopieur !

La salle d'urgence dotée d'un seul brancard  reste très fonctionnelle.

L'hôpital de Kaleveleve possède également  un service de radiologie avec une manipulatrice (pas de médecin radiologue pour interpréter les radios), un laboratoire d'analyse médicale pour les examens de base (le reste part sur Wallis ou Nouméa), d'un service de PMI, d'un cabinet dentaire et en principe de trois médecins.

Tout est informatisé ce qui facilite bien la relations avec les services de Wallis. Les bilans sanguins partent par l'avion du matin et les résultats sont transmis par mail aux médecins et aux infirmières. Tous les deux jours nous recevons des nouvelles de nos patients évasanés soit sur Wallis, soit sur Nouméa.

Il ne faut pas oublier les chauffeurs qui ont diverses missions, entre autres apporter les convocations de soins ou de prise de sang aux patients, ramener les patients sortants à leur domicile, aller chercher les consultants, faire les pleins d'essence.....

Toute cette fourmillère fonctionne tant bien que mal malgré l'éloignement et l'isolement encore plus ressentis depuis le 3 juillet, date du  début d'une grève des services publics qui bloque les avions, la poste et tous les services administratifs.