lundi 28 juillet 2014

Mardi 29 juillet, Fête du territoire

Aujourd'hui, c'est une journée importante pour les wallisiens et les futuniens. Tout le monde c'est investi pour marquer les 53 ans du rattachement du territoire à la France.
Ce rattachement découle des accords signés en 1961 par le Général de Gaulle dont le but initial était de pratiquer les essais nucléaires en remplacement de ceux effectués dans le désert algérien (l'Algérie était en passe de devenir indépendante). Finalement devant la contestation des habitants, les essais seront effectués sur le sol polynésien.
Ces accords stipulent la préservation des rois, garant toute autorité coutumière sur leurs sujets, la préservation des chefferies et des coutumes, le pouvoir français n'intervenant que dans les affaires extérieures. Il n'y a à proprement jamais eu de colonisation  du territoire.

Cette journée débute comme toute journée importante par une messe dès 7h à la cathédrale d'Ono.



 J'arrive avec mon magnifique collier que Pélénatita a bien voulu me confectionner la veille.  N'étant rattachée à aucune religion, je tiens tout de même à respecter le signe de croix, mais hélas je ne trouve aucun bénitier dans l'entrée. La cathédrale n' est que partiellement remplie, beaucoup de bancs vide. Les habitants sont occupés à préparer les festivités. Les chefs, le roi, le commandant de gendarmerie, le délégué sont présents.



 Il va falloir qu'ils se coupent en deux, car il y a une cérémonie identique dans le royaume de Sigavé !
La cathédrale a environ 10 entrées et chacune d'elles est gardée par un guerrier armé d'une lance qui au cours de la cérémonie se rassemblent au centre et marchent jusqu'à l'autel, accompagnés par des femmes dont les bras sont chargés de colliers de fleurs, en offrande à Dieu.


La cérémonie est d'une gaieté presque indescriptible. Beaucoup de chants religieux en futunien, entraînants, rythmés par une musique de synthétiseur. Des choeurs d'hommes et de femmes raisonnent dans cet immense amphithéatre. Une sérénité, une gaieté m'envahit. De quoi mettre de bonne humeur de bon matin.

A 8h, après l'office, tout le monde se dirige vers le falé officiel pour le lever des drapeaux, en présence de toutes les personnalités, du roi,


 la force publique, les pompiers.


Un groupe d'enfants, entonne l'hymne national complet sur un rythme joyeux, tout en mimant quelques paroles et agitant le drapeau bleu-blanc-rouge.


Arrive ensuite la cérémonie du kava (tauasu) sous le falé fono (faré avec un toit fait de feuilles de pandanus). Un discours en futunien est prononcé par un chef  de la localité d'Ono. Puis c'est la distribution de la boisson aux coutumiers, au roi et à la fin au délégué.

Le kava est un liquide obtenu à partir de la macération dans l'eau de la racine du poivrier sauvage. Une fois macérées, les racines sont broyées et frappées. Le liquide obtenu est le Kava. Auparavant les racines étaient mâchées et recrachées. C'est substance est interdite en France sauf en Nouvelle Calédonie et à Wallis et Futuna. Il est conservé dans un tanoa, le récipient taillé dans un seul bloc de bois, ayant une forme de coupe à la forme évasée en corolle, supporté par quatre pieds très bas. Il est servi dans une demi coquille de noix de coco. Il doit être bu d'un trait. Son goût est amer et le dépôt de terre qui reste en bouche doit être recraché.


Tout cela nous mène à 9h. L'heure du petit déjeuner.

Un jeune coutumier m'invite à me rendre dans la salle à manger. Je ne peux refuser et je comprends que le collier que Pélénatita m'a offert sert d'intronisation à la table des officiels. Je me retrouve donc devant une table remplie de multiples victuailles, sucrées et salées. Du crabe de cocotier, des nems, du jambon, des morceaux de cochon et de poulet, des oeufs durs, des baguettes de pain fendues et beurrées, du salami, du fromage,de l'igname, du tarot, des crêpes, des gaufres tartinées de nutella, du gâteau au chocolat, du gâteau marbré, du poé au fruit de l'arbre à pain et encore un autre à l'igname enfermés dans des feuilles de bananier, que sais-je encore.... le tout accompagné par un café qui me rappelle étrangement celui des Etats Unis, sans goût, léger et trop sucré.


Je me dépêche de me servir, car manger avec une fourchette est sacrilège et une offence, mais une fois que tout le monde a pioché dans les mets et porté les morceaux à sa bouche puis léché ses doigts avant de se resservir, j'avoue ne plus avoir envie de manger.
Je ne peux m'empêcher d'être écoeurée par leur façon de manger que je ne critique aucunement, mais qui pour moi nous ramène à la préhistoire. Les couverts sont pratiquement inexistants. Quelquefois ils utilisent le couteau mais souvent tout est arraché avec les doigts dans le plat central et chacun se sert et découpe son morceau. Les os sont dépourvus de toute la viande, du gras, sucés jusqu'à être très propres.
Je goûte à un nem, un oeuf dur, un kiri et une demi gaufre. On me tend un poe au fruit de l'arbre à pain qui n'est pas encore ouvert. Je le découpe avec mes doigts avec regret, mais je ne peux refuser, d'autant plus que j'ai horreur d'avoir les doigts salis par la nourriture hors préparation. Pas de chance.

Les officiels se lèvent car les festivités vont commencer. Ils rejoignent le falé fono sous lequel ils vont absorber durant toute la journée la fameuse décoction, le kava.

Tout débute par les danses des enfants des écoles. D'abord les maternelles aidées de leurs institutrices. Les costumes, tous différents ont été confectionnés par les mamans. Leurs gestes sont hésitants, mais ils dégagent une tendresse communicative.



Puis vient le tour des primaires (CP, CE1 et CE2), toujours accompagnés par leurs instituteurs et institutrices qui marquent le rythmes avec des morceaux de bois qu' ils frappent sur un bidon rempli d'air ou encore sur une sculpture en bois creuse, toujours en frappant avec des baguettes de bois.

 


Ce fut ensuite le tour des cours moyens avec le seul et unique papalagi.



Maintenant place aux plus grands, les élèves du collège de Sisia, localité du district d'Alo et seul collège du royaume. Les gestes des filles sont plus délicats, soignés. Les garçons poussent déjà leurs cris, bascules leur tête dans des mouvements secs et rapides, de véritables petits guerriers.



Passons maintenant aux adultes en commençant par les femmes de l'association de l'artisanat. Deux papalagis dansent dans le groupe. 


Et voici les guerriers, les durs de durs, les hommes avec des tenus colorés, tenant à la main une sorte de palette représentant une armes. Chants, cris, gestes secs, courts. La danse est longue et clotûre cette matinée de danses. Il est 11h30 l'heure du déjeuner.





Pourquoi changer un rituel qui gagne ? Les représentant des chefferie précédés du roi, les invités commencent le festin. Les femmes suivront dès qu'ils auront quitté la table et que les festivités reprendront.
Je m'éclipse car je ne veux pas être invitée une deuxième fois et je veux voir ce que le royaume de Sigave propose. 

Je prends donc la  super voiture pick-up que j'ai depuis hier et je roule à 40km/h (il est difficile d'aller plus vite avec les routes défoncées) vers Sigave. 
La cérémonie se passe sous le falé de Leava juste en face de l'église.


Il y a beaucoup moins de monde qu'à Ono. Les festivités sont encore en cours. Il faut dire qu'elles ont commencées en retard puisque le délégué, représentant le préfet a dû d'abord faire son apparition à Ono et ensuite à Leava.

Au moment de mon arrivée, ce sont les handicapés qui dansent. Gentille attention des organisateurs qui ont pensé à eux.

 

L'ambiance est beaucoup moins festive qu'au royaume d'Alo. Je décide de rentrer. Cet après midi, se seront les danses des adultes, identiques à celle du 14 juillet qui fut une grande répétition de cette journée. 

Le temps c'est dégradé, il pleut. Ayant déjà assisté aux danses, aucun regret de ne pas y aller. Après midi repos, car demain je travaille.

















Lundi 28 juillet, beau cadeau, un collier pour demain

En revenant de Tuatafa, je me suis arrêtée à la supérette où j'ai rencontré Pélénatita, ma voisine qui m'offre généreusement des petites bananes. Je lui offre à mon tour la benne de mon pick-up pour qu'elle puisse transporter les 10 sacs de nourriture à cochon qu'elle vient d'acheter. Maigre retour d'ascenseur, mais elle semble apprécier. Sur le chemin qui nous ramène à la maison elle m'annonce souriante qu'elle va me confectionner un collier pour que je puisse aller à la messe du lendemain. Je suis ravie de ce cadeau et elle me donne donc rendez-vous chez elle pour me montrer comment confectionner ce collier, parure éphémère que les hommes, les femmes et les enfants portent à chaque office.

Je me rends donc à 19h chez Pélénatita. Elle a déjà ramassé les fleurs et les graines qui serviront à monter mon collier.

Il  y a le falasola, cette graine d'environ 5cm qui assemblée donne un fruit très lourd ayant une odeur assez prononcée de pomme coupée.


et la fleur de tiaré.


Elle commence par effectuer des corolles avec les falasolas. Gros travail, car elles sont dures et elle risque de se couper à chaque mouvement. Elle effectue cette tâche avec une dextérité étonnante. Il est vrai qu'elle fait ces colliers pour toute la famille, chaque samedi pour la messe du dimanche.


Une fois les couronnes découpées, elle procède au montage. 

Quelques fleurs encore fermées de tiaré, puis quelques couronnes, deux graines et a nouveau le tiaré, les couronnes....etc jusqu'à la fin.




Elle m'apprend à bien le positionner autour du cou et sur les épaules. Me voilà parée pour la cérémonie de demain matin, grande journée de la fête du Territoire.

Malo le alofa Pélénatita (merci beaucoup Pélénatita).





Lundi 28 juillet, je recherche une belle cascade

Après ma déception concernant la petitesse de la cascade de Vilamalia, on m'a indiqué une autre cascade plus grande (selon eux) du côté de Tuatafa. Mais la route étant coupée, il faut revenir sur ses pas et aller pratiquement jusqu'au pyramides, mais de l'autre côté.

Après avoir déposé ma vamp Sylvie afin qu'elle puisse dormir quelques heures avant de réattaquer une nuit de travail, je file vers ma nouvelle destination. La route n'est pas bien longue, guère plus de 1/2 heure. Je pose la voiture à l'église de Tuatafa et je continue à pied. Je rencontre Patricia, une femme de ménage de l'hôpital qui me confirme l'existence d'une cascade à environ 10 mn de marche.

Avant de continuer le chemin à pied, je repère de gros rochers volcaniques, sur lesquels viennent se fracasser les vagues. Je me sens attirée. Je connais le danger du ressac, du retour de vague et de l'effet machine à laver, mais il me faut cette photo.



Je repars pleine d'espoir à la recherche de la cascade. Enoooorrrmmme déception. Juste un filet d'eau !

Décue, je rebrousse chemin. Je passe un petit moment avec une collègue venue se baigner à l'Anse Vata de Futuna et je décide de rentrer.

En roulant j'aperçois une entrée dans un rocher et toujours aussi curieuse je décide de m'arrêter et de pénétrer dans ce passage.


De l'autre côté, je pénètre dans une crique, bien à l'abri des vagues qui grondent et se cassent violemment juste derrière sur les rochers. Je découvre quelques trous d'eau, véritables aquariums naturels. Je m'empresse de me baigner dans l'un deux. L'eau est divinement bonne.


Quelques crabes semblent figés sur les rochers.


Je reçois quelques projections d'eau, signe que la marées monte et que je dois partir. 

Avant de repartir sur Kaleveleve, je m'arrête pour admirer de plus prêt cette petite chapelle incrustée dans la roche volcanique, à l'effigie de  Malia.


Il est 16h, je suis partie depuis ce matin 8h, donc retour maison comme E.T.




Lundi 28 janvier, Leve(Lévé), Poi (Poï). Journée ballade, baignade, visite

Aujourd'hui, c'est un jour chomé, car demain c'est la fête du territoire. J'ai pu obtenir une voiture du dispensaire pour la journée. Enfin !!. Elle n'est pas de dernière génération, un tantinet rouillée et le démarrage se fait avec une sorte de tournevis bricolé avec les fils de démarrage car le neiman est cassé.



Donc nous voici parties avec ma vamp Sylvie sur les routes de Futuna, direction Leve. Nous longeons une mer un peu agitée. Un voilier se débat dans cet élément et semble faire du sur place.


Premier arrêt à Leve, pour une baignade sur une plage de rêve. Une plage de sable blanc et fin. Elle est petite, mais nous sommes seules.



Pour y accèder, nous devons... traverser la piste d'atterrissage ! Et oui, original non ?
Donc piste sur ma gauche,


et piste avec tour de contrôle sur ma droite.


Je peux apercevoir au loin la chapelle de l'îlot d'Alofi.



Petite baignade, petit bronzage car il faut bien montrer qu'il fait beau sur Futuna et nous voici reparties pour Poi (prononcer Poï). En retraversant la piste nous apercevons bien quelqu'un qui nous regarde avec des jumelles depuis la tour de contrôle et c'est en arrivant devant l'entrée de l'aérodrome que nous apprenons qu'un avion est en passe d'atterrir. Oups...

Pour atteindre Poi, il faut pénétrer un peu dans les terres pour redescendre en bord de mer. C'est une localité un peu a part. Très retirée du centre du royaume d'Alo. Les maisons en dur sont peu nombreuses. La majorité des habitants vie dans les falés.




Evidemment, on ne peut absolument pas manquer l'église de Poi. Immense complexe en bord de mer, avec une entrée majestueuse.


C'est le lieu d'accueil des congrégations lors de leur déplacement. Elles y logent, y mangent, y prient.
En arrière plan une magnifique église. Comme pour les autres, on y accède par un grand escalier. Ils ont même pensé à une rampe pour handicapés (un peu raide !).


Camille, mon colocataire de la maison de passage m'a conseillé de pénétrer dans la bâtisse et de grimper le plus haut possible, jusqu'à la statue de St Pierre Chanel (St Petelo Saleve)  afin d'admirer la vue. Je suis donc son conseil.

Dès que l'on rentre dans ce monument, la première chose qui nous frappe est le bénitier assez original.


La nef est gigantesque. Je ne sais pas combien elle peut contenir de personne, mais sûrement bien plus que le nombre d'habitants de cette petite localité.


Les murs sont toujours ornés de fresques retraçant le chemin de croix. Un tapas d'environ 80 cm de largeur court tout le long des murs formant une immense guirlande


L'autel, fait d'un bois local est éclairé par des vitraux et à l'arrière, toujours cet immense christ, statue démesurée, mais à l'image du monument.



Je repère deux escaliers et je monte. J'accède au premier étage par des marches très courtes.


Je passe une porte et j'arrive dehors, car les escaliers sont maintenant à l'extérieur. Deuxième, puis troisième étage, celui des cloches.


Et enfin, dernier étage, juste à côté de la statue de St Pierre Chanel (St Petelo Saleve).


Je me retourne et là, il ne faut pas avoir le vertige, la vue est époustouflante.




En faisant le tour, j'aperçois le cimetière et sa petite chapelle,


A flanc de montagne, les habitants cultivent leur ignames et leurs tarots.



Au loin, j'aperçois les pyramides, ces rochers que j'ai déjà vues de l'autre côté, situés vers la route coupée qui rejoint Tuatafa et Tavai.

Sylvie qui a passé une nuit agitée  à l'hôpital tombe de sommeil, je dois la ramener sur Leava, ensuite je retournerai sur Tavai pour trouver une cascade.